Perdu sans GPS, sans carte, sans grille de repères. Cent papiers et davantage, l'acte consiste simplement à prendre son crayon dans le but de tracer un chemin. Sillonner la ville comme le graphite parcourt la feuille. Cardo et decumanus. De la grille. Sans l'ombre d'une hésitation, un plan s'esquisse sous les coups de biffures et d'incisions. 

Tourner autour... Tenter de définir une forme, s'égarer. Se garder de la préciser. Par le crayon, la ligne s'oriente mais reste aussi à tourner autour du sujet. Ne pas trop cerner pour laisser la ligne s'échapper. 

Basculement et dérapage incontrôlé (?). Trois tonneaux et quelques roulades plus tard le papier se plie, se froisse et grossit. Sorti du tissu urbain, le matériau devient sculpté. Signe d'une maltraitance, il est marqué. Pas que des bleus, notez : compressé, pincé, replié, pressé, découpé, scié. Si c'était tout mais remarquez : les coups!

L'engagement physique dans le papier demande un jeu de jambes et une bonne droite. Boxer, frapper, taper rythment l'affrontement. Strates après strates, couches après couches, la ligne s'est redéfinie; elle ondule, serpente. Suivre les spirales, les circonvolutions qui mettent en exergue une sédimentation. 

Et faire des ronds dans l'eau. Trouver son centre en y laissant son empreinte. Une claque ou un calque en passant. 

Le trajet n'est pas abouti. Découper, raccommoder, quelle vanité! Nombrilisme ou simple idée concentrique.  A la recherche d'une bonne onde, le dessin se réapproprie le papier; tout se déroule selon le plan. 


Texte écrit dans le cadre de l'exposition à la Galerie Crous Beaux arts, Paris, décembre 2010